Maison de l'Image

Super & Co

L’effet collatéral des jeux vidéo a fait de nous des super héros, on est donc tous un peu de la famille, et quelques dates nous montrent à quel point ils nous sont contemporains donc largement postérieurs aux personnages publicitaires que la Maison de l’Image avait accueilli en grande pompe en 2009 :

1930 Voit poindre ces chevaliers de cape et de muscle, nous entrons dans l’âge d’or des comics.
1938 Superman qui vient de la planète Krypton annonce une immigration massive.
1940 Les super héros sont au front, les super women sont mobilisées dans les comics, un peu comme les ménagères russes qui font tourner les usines d’armement.
1950 Depuis la fin du conflit le public plébiscite le petit monde anthropomorphe de Disney au détriment des catcheurs extraterrestres.
1960 Déferlante de nouvelles recrues. C’est une apothéose de supers pouvoirs, les supers héros débarquent en rangs serrés.
2000 À partir de cette date, les effets spéciaux du cinéma sont la caisse de résonance de leur progression exponentielle.

Mais qu’est-ce qu’un super héro ? Avec son collant seyant et un look de culturiste anabolisé, le super héro est le seul primate volant, quoique doué pour la course, toujours plus rapide que son ombre et doté d’une force surnaturelle. Il mène une double vie mais sa moralité est irréprochable, du reste, il ne fait jamais l’amour. Il aime les voyages notamment dans les mythologies et les légendes. Comme Tintin, il ne vieillit pas, par contre, on lui connaît parfois une maman et un papa. Il distribue les bons points aux honnêtes citoyens et des branlées aux ennemis de l’humanité.

Pour ce faire il a des relations dans la police locale et la CIA. Il affronte les dangers cosmiques sans état d’âme sociétal. Sur le plan économique, le super héro est une « franchise » à forte identité visuelle doté d’une bible comportementale infaillible. Mais l’imagier présent aux cimaises de la Maison de l’image n’est pas un agent d’artiste, il est plutôt sceptique face aux gloires internationales.

Bienvenue donc aux supers héros un peu autistes, grands justiciers patriotes un rien maladroits qui marchent sur leur cape. Supers héros aux supers pouvoirs limités, aux costumes mal taillés, façon Pieds Nickelés. Bienvenue à ces antihéros gaffeurs et sympathiques et tous les autres souffrant d’un handicap léger. Que les principaux éditeurs de super héros soient américains n’est pas fortuit. Que beaucoup de pastiches soient européens ne l’est pas non plus.